La Ferronnerie Despagne : derrière les rénovations magistrales de la Galerie des Jacobins

Cédric Despagne, 50 ans, à la bougeotte. Né à Amiens, il s’oriente d’abord vers les métiers de l’informatique. Mais, ses plans vont changer lorsqu’il découvre sa véritable vocation, un métier taillé sur mesure pour son mode de vie et ses aspirations.

Dès le collège Guy Mareschal d’Amiens, Cédric se lance dans l’informatique. De son bac F3 en électrotechnique à son BTS Informatique, il suit un chemin tout tracé. Issu d’une famille où l’importance de choisir une profession solide est un leitmotiv, il trouve rapidement sa place dans le secteur informatique, en plein essor à l’époque.  

Ses emplois se succèdent, sa soif d’action ne connaît pas de limites. Il finit par s’établir pendant 13 ans à Saint-Omer-en-Chaussée, où il enseigne l’informatique à un public en situation de handicap et en réinsertion professionnelle. “Les stagiaires m’apprennent la vie et moi, je leur apprends des choses techniques, binaires et logiques.” complète Cédric. C’est là qu’il commence à se poser des questions sur son futur professionnel, ressentant le besoin de quelque chose de différent, de plus concret et artistique que l’informatique.

Pendant ses précieuses semaines de vacances, Cédric médite et décide de créer sa propre entreprise, avec la ferme intention de donner vie à ses rêves artistiques.

 

Quand la passion forge un nouveau destin

Se lancer dans la ferronnerie d’art a été une décision mûrement réfléchie pour Cédric. « J’avais un intérêt pour le travail du cuir, mais il est difficile d’en faire ma vie. J’ai également envisagé le travail du bois, mais mon frère est ébéniste, donc cela manquait d’originalité« , raconte-t-il. C’est ainsi qu’il s’est tourné vers le travail de l’acier, une décision qui trouve un écho dans sa passion pour les arts martiaux. « Depuis mon enfance, je pratique le judo. En 1989, j’ai découvert le Yoseikan Budo, puis en 2005, j’ai plongé dans l’aïkido, suivi du Iaido. En fait, je suis hyperactif » plaisante-t-il. Sa soif de connaissance l’a poussé à se documenter sur la forge traditionnelle japonaise, puis sur la forge occidentale. Il s’est rapidement pris au jeu et a entamé une formation à l’AFPA au Havre.

L'art de forger l'histoire

C’est à Poulainville que Cédric installe sa forge. Il œuvre en solitaire depuis la création de son entreprise, revenant aux racines du métier en travaillant le fer à chaud, la forge pure. Il travaille avec une forge à charbon, une forge à gaz et un pilon de 1936 ! Son métier, rare et exigeant sur le plan physique, le conduit à intervenir aussi bien dans la création de projets que dans la restauration de monuments historiques. C’est lui, par exemple, qui a redonné vie aux garde-corps de la Galerie des Jacobins d’Amiens et au colossal portail du château de Naours, pesant près de 980 kg !

 

Cédric travaille seul depuis la création de l’entreprise. Sa dévotion pour son métier lui permet de garantir des créations de qualité, conçues avec soin et entièrement façonnées à la main. Il donne naissance à des œuvres uniques, taillées sur mesure comme de véritables pièces d’artisanat. Cédric intervient sur la création de projets ou sur la rénovation de monuments historiques. Pour lui, c’est une fierté que les personnes ne voient pas son travail. Cela signifie qu’il a réussi à reproduire ou à rénover à la perfection l’existant. 

En ce qui concerne la création, Cédric collabore étroitement avec ses clients, qui apportent leurs idées initiales. Il peaufine ensuite ces concepts à travers des croquis et des dessins, afin de pouvoir estimer le coût de réalisation.

 

Pour lui, la relation avec le client est cruciale, car il cherche à créer des œuvres qui plaisent à la fois à lui-même et à ses clients. Il encourage même ses clients à visiter son atelier et à participer au processus créatif. Parmi ses projets préférés figure la transformation d’un bloc de pierre de lave que lui a confié un client. Le bloc est déjà sculpté. Cédric y a ajouté l’acier et le lation d’après le dessin de son client afin de créer une magnifique table de salle à manger de 850 kg ! Ce projet a été exposé au Marais, à Paris. 

Et lorsqu’on lui demande de choisir sa création préférée, Cédric avoue avoir du mal à trancher. Il évoque avec enthousiasme le plaisir qu’il a eu à restaurer la Galerie des Jacobins, considérant cela comme une opportunité exceptionnelle et un honneur. Il souligne également sa satisfaction à fabriquer des trophées pour des compétitions handisport. Ce qui le motive profondément dans son métier, c’est la diversité des projets, sachant qu’il ne reproduira jamais deux fois la même œuvre.

À court et moyen terme, Cédric nourrit le désir de travailler sur d’autres monuments historiques et aspire à élargir sa gamme de mobilier artistique.

 

Cédric Despagne

Ferronnerie Despagne

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06 80 93 00 99