Du cyclorameur à l’avion de ligne en moins de 60 ans

Luc Bétrancourt représente la troisième génération à la tête d’une entreprise familiale qui n’a cessé d’évoluer, de se moderniser et de s’adapter au marché. Aujourd’hui, il pilote une référence de l’usinage tous matériaux de petites, moyennes et grandes dimensions complexes au niveau européen.

Le choc de la covid a été aussi violent que traumatique. Pour autant, la filière aéronautique se réorganise petit à petit. Evidemment, quelques réglages restent à faire ; il reste des séquelles. Les cicatrices sont encore sensibles, mais peu à peu, elles s’effacent. Le secteur d’activité redémarre et même beaucoup plus vite que ce qu’avaient prévu les observateurs. Alors que les spécialistes annonçaient un retour à la normale de l’activité pour 2023/24, le niveau devrait être atteint fin 2022-début 2023 tant en termes de trafic, que pour le nombre de voyageurs ou d’avions fabriqués.

En août 2020, pour la première fois depuis sa création, la société Bétrancourt a dû licencier du personnel. En s’asseyant dans le fauteuil de président en octobre 2019, Luc Bétrancourt, petit-fils du fondateur n’avait pas envisagé ce scénario. Participant au développement commercial de l’entreprise depuis 1997 (Il est entré dans l’entreprise familiale juste après l’obtention de son BTS action co), il décide, en 2015, de reprendre le chemin de l’école et prépare un master de management à l’IAE d’Amiens. “C’est une expérience que je recommande à tout le monde. Retourner sur les bancs de l’école avec de l’expérience et sans y être obligé comme on l’était à 18 ou 20 ans, c’est très agréable et très enrichissant.” Ce diplôme lui permet de prendre de la hauteur. Heureusement parce que la tempête qu’il doit traverser avec la covid, personne n’y est préparé.

Une tempête nommée covid

Épaulé par son père, Marc Bétrancourt et par sa tante Michèle Bétrancourt, respectivement président du conseil de surveillance et directrice générale, administrative et financière, il doit pourtant faire face et piloter l’usine dans la tourmente.

Aujourd’hui, il est heureux de pouvoir embaucher à nouveau. Une douzaine de collaborateurs dont un ancien ont retrouvé le chemin de l’entreprise à la fois sur des fonctions supports ou en production. À la tête d’une entreprise qu’il connaît par cœur, Luc Bétrancourt porte sur l’avenir un regard positif. La production se réorganise et l’entreprise assure les commandes malgré les pénuries et autres difficultés d’approvisionnement. “On travaille encore sous pression, on a eu un peu de mal à se réorganiser mais les chiffres très supérieurs aux prévisions permettent de se projeter et c’est déjà ça.

La voie de l’excellence

Le besoin en outillage ferroviaire et aéronautique est croissant. La société Bétrancourt se structure pour y répondre. Les méthodes s’industrialisent et les process qualité s’imposent comme une norme. Le service qualité voit le jour. C’est lui, avec le contrôle tridimensionnel, qui donne le la. La petite société familiale devient une référence de son secteur d’activité. En 2013, elle augmente même sa surface de travail et continue à évoluer avec les nouvelles technologies se réinventant sans cesse. À ce jour, l’activité aéronautique pèse 60 % du volume d’affaires global de l’entreprise qui conçoit et fabrique des pièces complexes en aluminium, lithium, acier ou titane.

C’est ainsi, en toute logique, que Luc Bétrancourt a intégré le réseau de la filière aéronautique des Hauts- de-France, Altitud et qu’il y préside la commission formation. Cette organisation réunit 80 industriels de la région autour du rayonnement de leur activité et de l’excellence de la filière.

Des jouets à l’industrie de pointe

L’histoire de Bétrancourt SAS a commencé avec Henri Bétrancourt en 1946. À l’époque, bien que travaillant en parallèle dans les ateliers Potez à Méaulte, l’homme passionné par la matière qu’il utilise, imagine et fabrique des jouets métalliques. Brouettes, cyclorameurs, trottinettes voient le jour entre ses mains. Très rapidement, avant les années 50, Henri Bétrancourt conçoit et fabrique des vérins hydrauliques. C’est le début d’une activité industrielle.

Dans les années 60/70, avec l’avènement des normes écologiques, l’entreprise se met à concevoir et à fabriquer des cuves pour le traitement des eaux et des stations d’épuration. Les années 80 voient l’arrivée des premiers centres d’usinage à commande numérique. La SAS Bétrancourt diversifie son activité et travaille en sous-traitance pour les industriels de la région. Désormais, par exemple, le textile représente 25 à 30 % de son chiffre d’affaires. L’entreprise fabrique les pièces pour les métiers à tisser. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui.

Luc Bétrancourt
Président, Bétrancourt SAS
[email protected]
03 22 75 09 55
06 80 23 22 95

Pour faire face au besoin en recrutement des industriels, le cluster, en collaboration avec Airbus Méaulte et Pôle Emploi, a dernièrement mis en place un job dating qui a rassemblé en 2 heures plus de 300 demandeurs d’emploi alors que le secteur est en tension.