Si aujourd’hui Mayel Elhajaoui est connu de tous que ce soit au théâtre, à la télévision ou encore au cinéma, c’est à Amiens qu’il a fait ses premiers pas sur scène. Avec son frère et complice Nordine, ils savent d’où ils viennent. C’est pourquoi ils ont créé le Amiens Comédie Club, une association et bientôt une école de théâtre et de cinéma pour que tous puissent avoir une chance.
L’histoire du Amiens Comédie Club, c’est avant tout l’histoire d’une famille de 11 frères et sœurs qui vivait à Amiens Nord : la famille Elhajaoui.
Le plus âgé, c’est Nordine. À 14-15 ans, il fait du foot. Il n’est pas mauvais, alors il intègre l’école de foot de la ville d’Amiens. C’est d’ailleurs dans cette structure qu’il deviendra animateur puis éducateur sportif. Mais à 14- 15 ans, ce qu’il aime surtout, c’est la scène. Ecole, fête du quartier, il ne rate pas une occasion de monter sur les tréteaux et de faire des imitations. Il rêve d’en faire son métier mais il se fait rapidement rattraper par une réalité difficile à digérer dans sa vie d’adolescent. On lui brise les ailes. Il doit commencer à travailler très tôt.
Deux frères, une histoire
En bon fils ainé, il aide ses parents et veille sur ses petits frères et sœurs. L’un d’eux, surtout, qui lui ressemble. C’est Djamel. Le jeune homme a 6 ans de moins mais il aime se donner en spectacle et il est doué pour ça.
Nordine prend son petit frère sous son aile. Pas question qu’il lui arrive la même chose qu’à lui 5 ou 6 ans avant et que quelqu’un vienne briser ses rêves. Le duo reçoit le soutien inconditionnel de leurs parents qui sont prêts, eux aussi, à tous les sacrifices pour la réussite de leurs enfants. « Il m’a dit qu’il aimerait faire de la scène, se souvient Nordine en évoquant Djamel alias Mayel. Je lui ai écrit un premier puis un deuxième spectacle. Je ne lui ai pas caché la vérité. Je lui ai dit que ça ne serait pas évident mais qu’avec du travail et de la persévérance tout était possible. Et puis, il a commencé à rencontrer un peu de succès. »
À la même époque, un autre Djamel, Djamel Debbouze, est en pleine éclosion dans le monde du spectacle. Il ne peut pas y avoir deux Djamel. Djamel Elhajaoui devient Mayel Elhajaoui. Grâce à son talent et au soutien moral et financier de son frère, Mayel intègre l’école du Sudden Théâtre en 2002 avant d’entrer au Conservatoire du 11e arrondissement de Paris en 2005. Et puis, sa carrière décolle rapidement. Entre ses propres spectacles, Mayel incarne des rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma.
Fier mais pas fan
« J’ai toujours apporté mon soutien à Mayel, se souvient Nordine. Mais je suis un grand-frère, c’est tout. Je suis fier de lui, de sa réussite mais je n’ai jamais été fan. Je l’encourage mais l’aide à garder l’équilibre aussi et les pieds sur terre. Ma vie est belle. Mon frère prend la lumière, moi, j’aime l’ombre finalement. J’aime ne pas être reconnu dans la rue. J’y tiens. » Attachés à leurs valeurs et à leur éducation, il y a une autre chose à laquelle tiennent particulièrement Nordine et Mayel : la gratitude envers les gens qui ont su leur tendre la main. C’est pourquoi, dès qu’ils en ont eu la possibilité, ils ont créé l’association des Artistes en herbe pour « aider les jeunes de toutes cultures à se rencontrer et à pratiquer un art ensemble ».
Des projets plein la tête
L’année dernière, c’était le Amiens Comédie Club, qui voyait le jour, rendez-vous mensuel pour un spectacle de Stand-up réunissant des artistes confirmés et d’autres moins, autour d’un même public. « Tout est parti d’Amiens. On est des jeunes de quartier. L’aventure n’aurait pas été la même si nous n’avions pas reçu de soutien au niveau local. Il y a eu Jean- Pierre Marcos, la Maison du Théâtre, La Providence, et puis Gilles de Robien et Brigitte Fouré. C’est normal pour nous d’y revenir et d’offrir à notre tour. Le Amiens Comédie Club est né comme une évidence, en 5 minutes. Nous avons décidé de faire 10 dates car c’est notre numéro fétiche. On a eu des partenaires et des sponsors qui ont cru en nous dès la première. Alors, on a su qu’on pouvait foncer. On cherche toujours à développer ; nouveaux sponsors, nouveaux contacts… Le but, c’est vraiment aider les jeunes humoristes et créer de beaux événements. »
Et puis, dans la même énergie, il y a la création d’une école de cinéma et de théâtre dans les espaces inoccupés de l’ancien centre commercial Amiens 2, juste à côté de la gare. Elle sera ouverte aux adultes et aux enfants. « Même si tous ne deviendront pas nécessairement des artistes connus, ils prendront confiance en eux et c’est important pour s’insérer dans la vie. Beaucoup prendront aussi confiance qu’on peut avoir du talent mais que sans travail, ça ne mène pas loin. C’est notre mission. Notre façon de rendre ce qu’on nous a donné. »
Et puis, il y a ce désir de créer un Festival du rire à Amiens comme celui de Montreux « pour faire rayonner notre ville à travers toute la francophonie ; elle le mérite ».
Nordine ELHAJAOUI
AMIENS COMÉDIE CLUB
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