Ses frères l’ont amené au commerce, au monde de la nuit et à la restauration. Christophe Duprez y consacre sa vie depuis 30 ans. Il a vu naitre Saint-Leu et il est le témoin majeur de son évolution et de celle du métier.
Et si dans la vie, le chemin était déjà tracé, que tout était un peu écrit ? C’est en tout cas ce que pense Christophe Duprez, patron du restaurant Le Quai à Saint-Leu, ex-président de l’UMIH (il a cédé sa place à Bruno Asnar en janvier dernier), juge au tribunal de commerce et vice-président de l’ASC football.
« Cette philosophie de vie parfois me joue des tours, constate-t-il. J’ai tendance à faire confiance au destin, à me laisser voguer et du coup, il m’arrive de tarder un peu à prendre des décisions. » Pourtant, au regard de sa vie professionnelle, rien ne laisse entendre ce défaut.
Christophe Duprez est effectivement tombé dedans très jeune. Benjamin d’une fratrie de 5, un frère jumeau, Christophe Duprez est amené très tôt à travailler pour aider ses ainés. En effet, ces derniers, bien qu’issus d’un milieu agricole, décident très jeunes de délaisser la terre pour se consacrer au commerce. Ils achètent et exploitent des discothèques, La Castellière, d’abord puis l’Agora, le Bilitis… À 15 ans, Christophe Duprez aide ses frères et sa sœur le week-end et pendant les vacances. Il est en « formation » sur le terrain. Ses années à l’IUT TC d’Amiens lui apportent le savoir théorique. Le week- end, il met en application.
À son retour de service militaire, en 1991, ses frères Jean-Jacques, Philippe et Benoît, l’associent dans le Nelson. Le quartier Saint-Leu en est à ses premiers balbutiements. C’est le début d’une histoire. « Le Nelson était une belle aventure, avec le recul, mais j’avais envie d’un truc plus branchouille ». Toujours avec ses frères, il achète le Riverside mais cette fois, c’est lui qui est aux manettes de l’établissement. Il a 21 ans.
Christophe Deprez
Restaurant Le Quai
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06 08 51 54 05
En 1995, son frère ainé a une attirance pour la restauration. Les frères Duprez investissent dans le Port Saint Leu. Hélas, au bout de quelques mois seulement, en novembre 1995, Jean-Jacques Duprez décède dans un accident de voiture. Philippe et Christophe se retroussent les manches et se partagent la tâche au restaurant en plus de leurs établissements.
En fonction des opportunités, ils rachètent le Petit Bedon, le Duplex, Le Rythmo Brazil… Ils créent la créperie Tante Jeanne… En tout, ce sont 7 ou 8 établissements et une centaine de salariés qu’ils gèrent dans la ville. Chacun possède sa propre identité, son propre concept. La vente des établissements se fait également au gré du vent. Tous ces établissements consomment une énergie folle. Philippe et Christophe Duprez souhaitent se recentrer. En 2010, Philippe, 50 ans, décide de lever le pied.
Christophe Duprez poursuit sa route seul. D’autant qu’un autre deuil, celui de son frère jumeau, est venu assombrir une nouvelle fois la belle aventure en mars 2019.
Le 7 février dernier, il revend pour la deuxième fois le Nelson. « Quand je vends, je tourne la page. Je ne suis pas triste, ni nostalgique. C’est juste une page qui se tourne. Peut-être parce que je n’ai pas qu’un seul établissement. » Pour lui, un établissement, c’est avant tout une aventure humaine dans laquelle il s’engage avec générosité. « À chaque fois, ce sont de nouvelles histoires d’hommes, de femmes, de clients… Je n’ai jamais calculé. Je mets ce qu’il faut en moyens et en hommes au sens large du terme. Après, si on est pro, si on sait faire notre métier correctement, on aura des clients. »
Bien sûr, comme tout le monde, il ne peut que constater que depuis deux ans, le métier a changé. « C’est devenu compliqué de recruter. Avec les confinements, les gens ont goûté à un autre rythme de vie. C’est compliqué de travailler dans le service ou la restauration. C’est un rythme particulier. Alors, nous devons réinventer le métier, améliorer la qualité de vie des salariés pour les fidéliser ». Au Quai, cette amélioration passe, par exemple, par l’embauche d’un salarié supplémentaire dédié uniquement au nettoyage de la terrasse. La gestion du linge a été externalisée. En cuisine, une nouvelle organisation a été mise en place.
L’embauche d’un plongeur supplémentaire pour effectuer le nettoyage des postes à la fin de chaque service permet de libérer des heures aux cuisiniers.
« C’est une gestion familiale et humaine. Certains travaillent avec moi depuis 15 ans, explique Christophe Duprez. J’essaie d’être juste. Je sais d’où je viens et je ne l’oublie pas. Je sais ce que c’est d’essayer de gérer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. J’ai une femme et deux enfants. Le resto est déjà une activité très chronophage. Et j’ai 100 000 activités à côté mais j’aime ça. Je ne pourrais pas donner autant s’il y avait une mauvaise ambiance ou si je ne me retrouvais pas. Je dois me nourrir aussi. Après je ne suis pas parfait. Je suis faillible. Mais, quoi qu’il arrive, je suis attaché à ma ville et j’aime les gens.»
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