Le restaurateur qui avait soif d’apprendre

Dans toutes les vies qu’a eues Bruno Asnar, le point commun c’est l’envie de comprendre et d’apprendre toujours davantage. Portrait d’un homme assoiffé d’aventures humaines.

Les huit premières années

D’origine pied noir, fils d’officier de l’armée convaincu, les huit premières années de Bruno n’ont pas de véritable port d’attache. Dijon, Châteaulin, Montpellier, Rennes, puis Nancy, ce n’est que par hasard (et parce que son père est nommé directeur de la Préfecture) que la famille Asnar s’établit à Amiens. Bruno n’en bougera plus.

L’école, il la fréquente avec plaisir essentiellement pour retrouver les copains. Il l’avoue aujourd’hui, il n’est, en cours, qu’un touriste sympathique. Il n’a pas de véritable objectif. Il « aime » tellement le lycée qu’il y reste 5 ans. Il échoue – « logiquement » sourit-il en passant – au bac, provoquant la déception de ses parents. Son père est ami avec Philippe Duprez, incontournable de la vie économique amiénoise et de Saint-Leu en particulier. Bruno entretient avec Philippe une relation qui pourrait s’apparenter à celle d’un neveu et d’un oncle.

Les frères Duprez, Jean-Jacques, Christophe et Philippe possèdent déjà plusieurs établissements dans Amiens. En ce mois de juillet 1995, ils s’apprêtent à ouvrir le Port Saint Leu sur le Quai Bélu. Le restaurant sera géré par Jean-Jacques qui accepte d’embaucher le lycéen à la plonge. C’est la première rencontre avec le monde du travail pour Bruno Asnar. Et pour être franc, tout ne lui plait pas complètement. Il trouve ça difficile.

Au bout de quelques semaines, le gérant du restaurant recadre Bruno et lui donne une deuxième chance, derrière le bar. Là, c’est la révélation. Cette fois, le jeune homme goûte au contact client et s’épanouit pleinement. Il reprend ses études, décroche son bac et fait quelques extras le week-end dans les établissements de Saint-Leu. « J’ai appris le monde de la nuit avec les frères Duprez. Moi, j’étais en mode découverte alors qu’eux étaient déjà pros. », analyse-t- il aujourd’hui.

Un goût tardif pour les études

Accepté à l’IUT Techniques de Commercialisation, il se découvre des capacités intellectuelles qu’il ignorait jusqu’alors. Soudainement, comme une révélation post-bac, il aime apprendre. Il décroche son DUT et intègre le CNAM pour y faire un Master de marketing.

Invité à une session de recrutement Auchan, il est séduit par les valeurs du groupe de l’époque et intègre l’école des managers Auchan. Il prend des postes de responsable et gravit les échelons. Comme il a pris goût aux études, en 2003, il retourne sur les bancs de l’UPJV et suit, en parallèle de son activité professionnelle, les cours du soir de l’IAE d’Amiens. Il y décroche en 2005 un Master 2 Sciences du Management spécialité Administration des entreprises. En 2007, il est débauché par Intermarché mais une graine d’indépendance et d’entreprenariat a germé dans son esprit au fil des années. Cette nouvelle aventure ne dure que quelques mois. Bruno Asnar tire sa révérence sur le monde de la grande distribution en février 2007.

L'envie d'entreprendre

Il crée à Amiens, Maison’Net, une entreprise de service à la personne qu’il revendra en 2011. Entre-temps, il dîne avec Philippe Duprez, son mentor. Ce dernier lui annonce qu’il pense se séparer du Port Saint-Leu.

Cette annonce fait l’effet d’un choc à Bruno. Il est lié affectivement à l’établissement. Il y a vécu ses premières heures en tant que salarié, c’est vrai, mais il a surtout vécu le lancement du restaurant et le deuil soudain de Jean-Jacques Duprez, le frère et associé de Philippe et de Christophe avec lesquels il a construit une amitié profonde et solide. Il se lance dans l’aventure.

Philippe Duprez accompagne le repreneur pendant 6 mois. Le métier de chef d’entreprise, Bruno Asnar le connaît un peu mais celui de restaurateur est une véritable découverte. Il se passionne pour la question et y prend très rapidement goût. Au point de rapidement avoir envie de gravir un échelon de plus.

Le Nelson, établissement mythique de la nuit amiénoise, l’un des premiers ayant appartenu aux frères Duprez est à reprendre. Bruno Asnar le veut mais il ne veut pas y aller seul. Il sait que le monde de la nuit est encore un autre métier. Il insiste auprès de Christophe Duprez avec qui il partage son bureau pour le reprendre. Le patron du Quai finit par céder. Les deux hommes font 6 mois de travaux et redonnent un standing à l’établissement. Ils y attirent rapidement une clientèle de trentenaires et de quadras qui souhaitent passer des soirées dans un cadre branché et chic, avec un service de qualité. Ils y amènent des soirées à thèmes, des musiciens en live… « Le Nelson avait une âme. Nous l’avons développée. J’ai appris beaucoup de choses. Gérer un bar de nuit, c’est très différent de gérer un restaurant. »

Bruno ASNAR
Le Port Saint-Leu
45/47 Quai Bélu, 80000 Amiens
03 22 80 00 73 – 06 11 60 04 78