D’origine ivoirienne, Augustin Nango n’a cessé de voyager. Il a d’abord passé près de 19 ans en Italie où il a appris le métier d’infirmier. Ensuite, il prend la direction de Londres où il s’établit un temps avant de se retrouver, par amour, en France et plus précisément à Amiens, la capitale picarde. Il y fonde même une famille.

Résidant à Amiens, il exerce sa profession d’infirmier en chirurgie à l’hôpital Lariboisière de Paris. Il fait la route tous les jours. Il est infirmier par vocation. “J’aime le contact avec les gens. Je me sens utile lorsque je viens en aide à une personne.” Pour autant, les plus belles vocations finissent par se ternir.

Avec le temps, la distance entre Amiens et Paris devient plus difficile à gérer dans le quotidien. Il s’essouffle. Il souffre de ne voir que très peu sa femme et ses enfants, mais il tient bon, car il aime ce qu’il fait.

Et puis, le 13 novembre 2015, le soir, c’est le drame. Une série d’attaques ont été perpétrées à Paris et à Saint-Denis. 131 personnes ont perdu la vie et 350 ont été blessées. Il s’agit des attentats les plus meurtriers jamais commis en France. Augustin est de garde ce soir-là. Il accueille à l’hôpital un grand nombre de blessés. Un trop grand nombre de blessés. Bien au- delà de ce que l’homme ne peut supporter. “Ça a été très compliqué émotionnellement”, explique-t-il pudiquement. Être infirmier et soigner les autres, oui, mais se retrouver dans ce qui s’apparente à une scène de guerre, non. Cet événement marque une rupture dans la vie d’Augustin Nango. Il met un point final à sa carrière d’infirmier. C’est l’heure du changement. Le virage est radical.