Plus encore qu’une entreprise familiale, c’est le virus de l’entrepreneuriat que ses parents ont transmis à Céglyne Barrier. Elle dirige avec son frère Rodrigue, l’établissement éponyme mais au-delà de la gestion de son entreprise, cette passionnée d’humain y consacre sa vie à travers des engagements comme la présidence de la Fédération du BTP de la Somme.
Les établissements Barrier spécialisés dans la vente, l’installation et le dépannage de chaudières à gaz et de radiateurs ont été créés en 1977. C’est en 2008 que Céglyne Barrier et son frère Rodrigue Barrier ont racheté l’entreprise à leurs parents. Céglyne y travaillait déjà depuis 1993. Rodrigue était venu rejoindre l’aventure dès 1999.
“C’est important pour moi de savoir que je n’ai pas hérité de l’entreprise, mais que je l’ai achetée. Je ne suis pas redevable, confie la dirigeante. Après, une fois que cela a été dit, j’ai ce devoir psychologique de faire prospérer l’établissement quoi qu’il arrive. Je ne pourrais pas supporter d’avoir fait naufrage avec le fruit de toute une vie de travail de mes parents.”
Céglyne Barrier
ETS Barrier
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Heureusement, tous les indicateurs sont au beau fixe dans l’entreprise. Le carnet de commandes est même bien rempli et le climat social est apaisé. Les établissements Barrier comptent une dizaine de collaborateurs. Lorsqu’ils se sont associés pour reprendre le flambeau, Céglyne et Rodrigue ont conservé les salariés qu’avait embauchés leur père. Depuis, deux d’entre eux sont partis à la retraite. Les autres sont toujours là.
“Sans salariés, une entreprise n’est rien. Et eux ne sont rien sans l’entreprise. Nous connaissons chacun, leur famille, leur histoire. Nous entretenons avec eux des relations de proximité, témoigne Céglyne Barrier avant de poursuivre. Nous sommes plus souvent au boulot qu’à la maison. C’est important de travailler dans une bonne ambiance. Moi, ça fait bientôt 30 ans que je suis là et je viens avec toujours autant de plaisir. Nous avions typiquement des parents “faiseurs”. Ils partaient le matin avant que nous ne soyons levés. Le soir, ils pouvaient faire de la compta jusqu’à 3 ou 4 heures. Nous avons commencé tout en bas de l’échelle. Moi, j’ai fait du classement de dossiers pendant des mois. Rodrigue a commencé dans les tranchées. Je suis arrivée à la gestion et à la comptabilité un peu par hasard. Une collaboratrice partait à la retraite au moment de l’informatisation de l’entreprise. À l’époque, on sortait encore la TVA à la main.”
En parallèle de son entreprise, Céglyne Barrier a été élue présidente de la Fédération des Artisans et Entrepreneurs du BTP de la Somme (FFB 80) en juin dernier, succédant dans cette fonction à Nicolas Blangy. Elle y était responsable de la commission artisanat depuis 2016. Avant ça, elle s’était engagée à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la Somme. Elle avait même pris la présidence de la commission territoriale d’Amiens jusqu’à ce qu’elle laisse sa place, en novembre 2021, et que Christophe Crapart prenne la présidence du département de la CMA.
“Si j’y vais, c’est par conviction. Si on veut que les entreprises s’en sortent, c’est à nous de prendre nos bâtons de pèlerin et d’agir. J’aime les gens qui s’engagent. Les artisans, les chefs d’entreprise, c’est exactement ça. C’est tellement enrichissant de les rencontrer. J’aime découvrir de nouvelles activités, de nouveaux métiers. C’est un vrai kiff de pouvoir les aider et les accompagner.”
Dans la Somme, la Fédération du BTP de la Somme compte 800 adhérents. Environ 600 d’entre eux sont des entreprises de moins de 10 personnes. Céglyne est particulièrement fière de pouvoir aider ses pairs. “Tout est très bien organisé. Rien qu’à Amiens, on a quatre juristes. On est là pour aider les adhérents, les accompagner dans le quotidien parfois difficile de leur entreprise. Ils savent que je fais la part des choses entre l’entreprise et la fédé. Certains confrères chauffagistes – qui pourraient voir en moi une concurrente – viennent me confier leurs difficultés, on travaille ensemble pour améliorer leur situation, en toute confiance et ça, c’est la plus belle des reconnaissances, je trouve.”
Cette élection ne doit rien au hasard. Celle qui se définit elle-même comme une “travaillomane instinctive” s’investit à fond pour les causes qui lui semblent justes. Le fait d’être une femme n’importe que peu dans ses choix. “Oui, c’est vrai, il faut un côté masculin pour être une femme dans le milieu du bâtiment, mais on n’en est plus à ces clivages de base. Il faut faire avancer les choses. Inspirer confiance permet de faire évoluer les mentalités. Les gens du bâtiment sont des faiseurs qui aiment leur métier, qui y sont dévoués corps et âme. Il y a tellement de sujets à améliorer, de questions à débattre, de projets de lois à faire avancer… que la FFB a de quoi faire pour répondre aux besoins de ses adhérents.”
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